Les Cantigas de Santa Maria sont une œuvre majeure du XIIIe siècle. Écrites par le roi de Castille Alphonse le Sage ou à sa commande, elles chantent les louanges ou les miracles de la Vierge Marie à travers plus de 420 pièces  monodiques.
A la lumière des recherches de  doctorat de Marie-Virginie Cambriels, les Cantigas de Santa Maria apparaissent  comme une œuvre palimpseste dans laquelle la centonisation est un procédé de composition important. Ce procédé apparaît aujourd’hui comme une sorte d’écriture cachée, cryptée. Mais était-ce le cas dans une société où les citations et fragments utilisés,  souvent tirés de la musique liturgique, faisaient partie d’une culture commune, a minima cléricale et intellectuelle, ou était-ce au contraire un jeu évident avec des références bien connues de tous ? Si nous ne pouvons pas mesurer dans quelle mesure elle était aussi partagée de manière populaire, il n’est pas à exclure qu’elle l’ait été.
Pour les auditeurs d’aujourd’hui, lors d’un concert de Cantigas de Santa  Maria, ce tissu de références est obscur, seule est perçue leur mélodie, sans la profondeur de sens que donne cette intertextualité. Il s’agit donc, au cours de cette résidence, de travailler à un concert mis en scène où l’implicite  serait donné de manière explicite. Les pièces « sources » des Cantigas seront interprétées et leur lien avec telle ou telle Cantiga mis en relief. Certaines Cantigas choisies seront interprétées en relation avec les pièces musicales  dont elles sont issues, ou auxquelles elles font référence. Il s’agit, à travers ce projet, de rendre toute la profondeur de champ de ce répertoire, et de suggérer sa proximité intellectuelle avec le motet polyphonique et pluritextuel français de la même époque.