5 septembre 2025

Amoureux imaginaires – Le jeu de Robin et Marion

La Camera delle Lacrime, dir. Bruno Bonhoure et Khaï-Dong Luong

Le jeu de Robin et Marion est souvent considéré comme la première comédie musicale de l’histoire de la musique occidentale. Elle a été rédigée dans les années 1280 par le trouvère – auteur compositeur et interprète de langue picarde – Adam de la Halle (1240 – 1288), nommé aussi Adam d’Arras. La nature est le théâtre de ce récit amoureux qui alterne narration parlée et chantée, ainsi que des danses. Marion, jeune bergère, travaille dans un champ et rêve en même temps de Robin. Arrive alors Aubert, un chevalier qui, à défaut d’arriver à la séduire, décide de l’enlever. Heureusement, Marion s’échappe et parvient à retrouver Robin. Le jeu de Robin et Marion se termine avec une fête mêlant chants, danses, jeux et festin sur l’herbe.
Même si dans la vie, les histoires d’amour et d’amitié ne finissent pas toujours aussi bien que dans le jeu de Robin et Marion, ce récit rappelle les contes et fables de notre enfance. Les chansons populaires de l’époque (pastourelle et poème lyrique), les dialogues en ancien français, offrent ainsi un témoignage précieux sur la culture médiévale.

À ces pièces profanes, nous associons les hymnes sacrées de Thomas d’Aquin (1226 – 1274), contemporain d’Adam de la Halle, pour faire croiser dans ce théâtre de verdure les univers profane et sacré d’un même siècle. Thomas d’Aquin et Adam de la Halle sont deux figures marquantes de leur époque, chacune ayant contribué au développement intellectuel, spirituel et artistique. La création musicale est l’art qui les lie. Leur héritage témoigne de la vitalité intellectuelle et artistique du XIIIe siècle.
À l’instar des compagnies de danse ou de théâtre qui revisitent les classiques, La Camera delle Lacrime continue son exploration des mélodies anciennes dans une présence contemporaine combinant le grégorien et le style trouvère, soutenus cette fois-ci par les cordes pincées, dont le Gu Zheng, cithare chinoise millénaire jouée par Sissy Zhou. La cithare chinoise à cordes pincées porte plusieurs symboles universels que nous retrouvons dans l’écriture de notre pastorale thomiste.

  • Bruno Bonhoure : Direction musicale, narration, chant, harpe, psaltérion, tambour sur cadre
  • Khaï-Dong Luong : Recherche, dramaturgie, écriture du scénario
  • Clémence Montagne : Chant
  • Sissy Zhou : Gu Zheng (cithare chinoise millénaire), chant
  • Stéphanie Petibon : Théorbe, guitare baroque, chant collectif
  • Ronaldo Lopes : Guiterne, théorbe, guitare baroque, chant collectif
  • Jean Bouther : Régisseur, son, lumière

En partenariat avec l’abbaye de Fontfroide.

28 et 29 mars 2026, abbaye de Fontfroide


Fondée en 2005, La Camera delle Lacrime est dirigée conjointement par le chanteur Bruno Bonhoure et le metteur en scène-chercheur Khaï-Dong Luong. L’ensemble se distingue par une double exigence artistique : chaque projet naît d’un temps de réflexion, d’une étude approfondie des sources et d’un dialogue entre musiciens, chanteurs, universitaires et chercheurs.
Spécialisée dans les répertoires médiévaux, principalement des XIIe et XIIIe siècles, la compagnie conçoit des spectacles qui interrogent la distance entre les traces patrimoniales et leur recréation contemporaine. Cette démarche de recherche-création place la pratique artistique au cœur de l’investigation universitaire et de l’innovation scénique.
Convaincue que le concert doit être un espace de partage, La Camera delle Lacrime invente dès 2012 des formes participatives où des choristes amateurs rejoignent les interprètes professionnels, notamment autour du Livre Vermeil de Montserrat. Ce modèle pionnier, depuis largement repris, témoigne de l’engagement de l’ensemble dans la transmission et l’inclusion des publics.
L’innovation, la recherche de sens et la pédagogie sont ses fils conducteurs. La compagnie porte aussi des projets éducatifs, comme la web-série Circum Cantum, qui initie les enfants à l’histoire, aux arts et à la vie en communauté par la musique.