10 septembre 2025

archéo-lutherie

©Olivier Féraud

« L’archéo-lutherie fait résonner les fragments du passé : entre science et artisanat, chaque instrument recréé devient une hypothèse sonore vivante, un bien commun qui circule entre chercheurs, musiciens et publics. »

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L’archéo-lutherie est une discipline récente qui s’attache à restituer les instruments de musique du passé, en particulier ceux du Moyen Âge, dont il ne subsiste que très peu d’exemplaires conservés. À la différence de la lutherie classique, qui fabrique les instruments à cordes et à manche encore utilisés aujourd’hui, l’archéo-lutherie travaille à partir de traces souvent fragmentaires : vestiges archéologiques, représentations iconographiques, descriptions textuelles.

Ces sources, parcellaires mais complémentaires, permettent d’élaborer des hypothèses de restitution qui ne consistent pas seulement à « copier » un instrument perdu, mais à comprendre sa place dans la société, ses usages et ses sonorités.

Reconstituer un instrument médiéval exige bien plus qu’une simple compétence artisanale : c’est une véritable démarche de recherche. L’archéo-luthier croise des savoirs venus de la musicologie, de l’archéologie, de l’histoire de l’art et des techniques, mais aussi de l’anthropologie des sensibilités et des pratiques culturelles.

La restitution n’est jamais un résultat définitif, mais une hypothèse matérialisée : chaque instrument fabriqué devient un outil d’expérimentation qui éclaire les procédés de facture plausibles au Moyen Âge. Utiliser les gestes, techniques et outils de l’artisanat traditionnel, c’est faire de l’archéologie expérimentale : tester, vérifier, ajuster, et ainsi mieux comprendre les possibles sonores du passé.

Au CIMM, l’archéo-lutherie n’est pas une activité isolée : elle alimente un projet global où la fabrication devient pensée et où l’objet instrumental cesse d’être un simple artefact de musée. Chaque restitution rejoint un instrumentarium vivant, mis à la disposition des musiciens, chercheurs, étudiants et artisans.

Ateliers de facture, cours d’organologie, expérimentations musicales, colloques et rencontres permettent à ces instruments de circuler, d’être joués et partagés. L’instrument médiéval, ainsi réinventé, devient un commun matériel, un support d’échanges entre arts, sciences et société.