21 décembre 2023

Hautbois type languedocien

Ce hautbois de type languedocien a été réalisé par le luthier Bruno Salenson en 2016, d’après une iconographie du XIVe siècle.

Sa facture est proche des hautbois traditionnels du Languedoc.

Au Moyen Âge, le hautbois est caractérisé comme « instrument de haut », c’est-à-dire sonore et essentiellement destiné au jeu en extérieur.

Iconographie d’inspiration type pour la réalisation de l’instrument :

© A gauche : Hautbois et Harpe – Livre d’heures enluminé durant le dernier quart du XVe s. Flandre / A droite : Hautbois Capestang petit format Copyright DRAC Occitanie

Quelques indications sur la facture instrumentale:

Ce hautbois se compose de deux parties en érable ondé, avec une bague en corne à l’emboîtement des deux parties.

D’une hauteur totale de 50cm, il se compose de 7 trous de jeu sur le corps du haut, et 2 trous de clarté sur le pavillon.

Il a été appliqué à cet instrument un doigté sur 6 trous (les trous du haut) identiques aux hautbois traditionnels languedociens, permettant d’atteindre une tessiture de 2 octaves chromatiques. Le 7ème trou vers le bas est un trou d’accord.

Bague en corne à l’emboîtement
des deux corps

Lors de la conception de l’instrument, il n’a pas été possible de connaître la perce des hautbois médiévaux ; Bruno Salenson a donc utilisé la perce intérieure des hautbois du Bas-Languedoc.

Ce hautbois est en ré.

Intérieur du pavillon

Bruno Salenson s’est fait le spécialiste de la facture d’anches de hautbois populaires et anciens, il était capable « d’ancher » toute sorte de hautbois dont l’anche a disparue.

Bruno Salenson (1958-2018) – Nîmes (30)

Ses origines cévenoles empreintes de culture occitane ont eu une grande influence dans le choix qu’il a fait de travailler sur les hautbois populaires. Ses formations en électromécanique (BAC technique), en forgeage et ferronnerie (CAP) et sa grande curiosité d’autodidacte lui ont donné des bases solides pour développer son travail de réparateur d’instruments à vent en parallèle de ses recherches sur les hautbois.

A partir de 1978, il a largement participé au sauvetage des hautbois du Bas-Languedoc. La récupération des techniques de fabrication d’anches s’est appuyée sur la découverte d’anches anciennes. Sa démarche s’est construite à partir de la compréhension des instruments historiques retrouvés ainsi que de la recherche des techniques de jeu anciennes, très différentes des pratiques instrumentales actuelles. Ce cheminement l’a amené dans le domaine des hautbois baroques et renaissance, ainsi que des bassons renaissance, qui présentent beaucoup de points communs avec les hautbois populaires.

Parmi ses nombreuses réalisations dans sa vie consacrée au hautbois, on peut citer :

  • en 2011, à la demande d’APEMUTAM, il réalise sur un tour à perche  (modèle XIIIème siècle)  un hautbois jouable d’après une iconographie du XIVe siècle.
  • en 2013, il travaille pour  la Cité de la musique à Paris sur la copie d’un hautbois de Delusse dont il reconstitue l’anche. Ceci lui vaut le titre de « chercheur associé » à cette institution. 
  • En 2017, il écrit un livret « De l’art de fabriquer des anches de hautbois populaires et anciens », car il est capable « d’ancher » toute sorte de hautbois dont l’anche a disparue

D’autre part, il a adapté les hautbois populaires aux pratiques actuelles, doigtés modernes et cléterie, tout en respectant les caractéristiques essentielles de ses instruments.

Bruno, toujours soucieux de transmettre sa passion, a partagé son savoir lors de nombreux stages et conférences.