3 août 2021

laudar volio per amore

Patrizia Bovi

Laudes médiévales

La musique de l’Italie médiévale arrive aujourd’hui préservée dans les plus anciens manuscrits musicaux de la péninsule, moins riches et nombreux que ceux d’outre-Alpes, mais certainement importants dans leurs particularités.

Parmi les nombreux livres de laudi, généralement conservés sans musique, nous avons l’exception du manuscrit de Cortona 91 (fin XIIIe siècle) et du Laudario Magliabechiano B.R. 18 (milieu du XIVe siècle) dans lesquels se trouvent les témoignages musicaux les plus anciens et les plus précieux d’une vaste tradition ; en fait, cette tradition n’était initialement confiée qu’à la mémoire des interprètes, gardiens d’un répertoire très riche dont, malheureusement, seule la partie transcrite dans les manuscrits demeure.

La pratique du chant des laudes dans les différentes confréries religieuses (des Laudesi, des Disciplinati, des Bianchi) est attestée par des références précises dans les chroniques de l’époque. Surtout, il convient de souligner que ce chant a correspondu à l’un des moments principaux et plus significatifs du renouvellement spirituel et de l’émancipation des confréries de la tradition liturgique médiévale ; un point fort de cohésion entre les frères qui, pratiquement tous les jours, se réunissaient pour la prière. La laudades origines est une chanson simple, monodique, facile à chanter pour les confrères (qui participent dans le refrain) en alternance avec un soliste. Les textes de ces laudes, dans les dialectes naissants, traitent de divers sujets : chants de louange à la Vierge, chants sur la Nativité, la Passion et la Résurrection du Christ, louange des saints, chants pénitentiels et de mort.

Les échos de cet important monde musical sont toujours vivants aujourd’hui dans les traditions populaires italiennes les plus archaïques. Les processions, les chants rituels, les sonates et les danses, les répertoires paraliturgiques de la Semaine Sainte encore en usage dans certaines régions de la péninsule, sont la survivance de styles et techniques musicaux, de significations anthropologiques et sociales, et d’une spiritualité qui trouvent leurs racines au Moyen Âge et peut-être au-delà. Ainsi, des voix et des sons presque complètement oubliés qui, dans le monde actuel, sont relégués au folklore, revivent de leur ancienne fonction révélant une possible interprétation d’une culture lointaine et autrement difficile à comprendre.

Un moyen important de revenir à la performance musicale du chant des laudes est d’examiner l’histoire et l’activité des confréries religieuses qui, en Ombrie, en Toscane et au sud de l’Italie, ont commencé et se sont répandus dans toute la péninsule. Ces confréries, formées expressément par des laïcs, se réunissaient périodiquement dans les oratoires et les églises pour la prière et le chant des laudes, et avaient en leur sein de riches confrères, sinon des familles entières, qui figuraient parmi les principaux commissaires des nouvelles productions artistiques, comme des livres de prières ou des peintures faites pour témoigner de leur dévotion religieuse.

 

Programme

Le séminaire propose l’analyse des concordances musicales et textuelles entre le Laudario 91 et le  Laudario Magliabechiano B. R. 18, relatives à l’interprétation de la notation selon les recherches les plus récentes.

Il souhaite également montrer ce qui reste dans la tradition orale contemporaine de certains rituels liés au culte de la Semaine Sainte. Il y a des endroits spécifiques où l’activité de confrérie est toujours vivante comme les rites de la Semaine Sainte en Ombrie (Colfiorito, Gubbio), Sessa Aurunca (Caserte), Castelsardo (Sardaigne) pour n’en nommer que quelques-uns.

Partie pratique :

  • La chanson de Miserere en Ombrie peut-elle être considérée comme une survivance de la chanson liée au mouvement des disciplines médiévales ? Étude du Miserere de Colfiorito
  • La lauda ballata, forme de dévotion au Moyen Âge, une danse sacrée, sur O divina Virgo Flore
  • Ave donna santissimaCortona 91 et Magliabechiano 18 : deux versions en comparaison
  • De la crudel morte de Cristo : laude pour la Via Crucis
  • Le chant des laudi en procession : éléments de technique vocale
  • La lauda en forme de représentation sacrée : Dal ciel venne messo novello
  • La lauda polyphonique et la tradition florentine du Cantasi Come

 

Dates, horaires et lieu

  • 5 et 6 mars 2022
  • 10h00-12h00 & 14h00-18h00
  • CRR, 13 avenue du Professeur Grasset, 34090 Montpellier
 
Contact
  • Gisèle Clément – 06 70 74 19 20 – contact@cimmedieval.org
Tarifs
  • Normal, frais pédagogiques : 120€ + 15€ d’adhésion au CIMM
  • Réduit, frais pédagogiques : 95€ + 5€ d’adhésion au CIMM
  • Étudiants du département Musique et Musicologie de l’université Montpellier 3 et élèves du CRR Montpellier 3M : exonérés des frais pédagogiques + 5€ d’adhésion au CIMM

 

Biographie

Née à Assise, Patrizia Bovi a débuté sa formation musicale très tôt. Elle a étudié le chant lyrique au Conservatoire Morlacchi de Pérouse, puis s’est spécialisée auprès de Sergio Pezzetti. Parallèlement, elle a commencé à se former à la musique médiévale et de la Renaissance en suivant des stages de vocalité ancienne. Elle a interprété Monteverdi et le répertoire italien des XVIe et XVIIe siècles. En 1984, elle fonde, avec Adolfo Broegg, Goffredo Degli Esposti et Gabriele Russo, l’ensemble Micrologus, spécialisé dans la musique médiévale ; avec cet ensemble, elle présente son travail d’interprète et de chercheuse en prenant part à plus de 50 productions en Italie et à l’étranger. En 1990, elle intègre le quatuor vocal de Giovanna Marini, et participe dès lors à toutes ses créations et tournées. De 2001 à 2003, elle met en place, à la Fondation Royaumont, un projet autour d’Adam de la Halle, donnant naissance à la première réalisation moderne du Jeu de Robin et Marion, en version intégrale et en langue originale. Cette production a été présentée en tournée en 2003 en France, en Espagne et en Italie. En 2004, avec Micrologus, elle est artiste en résidence au Festival des Flandres (Laus Polyphoniae). À cette occasion, elle monte le projet Festa Fiorentina… per contar di frottole, mis en scène par Maurizio Schmidt, repris dans le cadre de différents festivals de musique ancienne. En 2006, elle est invitée par la violoniste Chiara Banchini à chanter sur son disque autour des sonates de Tartini ; les deux artistes se produisent en concert en France et en Italie. En 2007, le chorégraphe Sidi Larbi Cherkaoui l’invite à prendre la direction musicale de son spectacle Myth, donné avec l’ensemble Micrologus dans toutes les capitales d’Europe, au Canada et aux États-Unis. De 2009 à 2012, elle est en tournée avec La Cappella della Pietà dei Turchini dirigée par Antonio Florio, avec les projets Stabat Mater et Tenebrae, avec les nouvelles productions du chorégraphe Sidi Larbi Cherkaoui Babel et Play, et avec le projet Isole di Beltà de l’ensemble La Fenice. Après avoir élaboré une méthode d’enseignement du chant médiéval et de la musique traditionnelle, elle travaille, en collaboration avec différentes institutions européennes, à un projet international d’enseignement de la musique médiévale. Elle anime régulièrement des stages et des master-classes en Italie, au Centre d’Études Européen de musique médiévale Adolfo Broegg, ainsi qu’à l’étranger. Elle prend également régulièrement part aux jurys de prestigieux concours européens. En 2008, elle a été nommée chevalier dans l’ordre des Arts et des lettres par le ministère français de la Culture.