22 juillet 2023

Ensemble Irini (dir. Lila Hajosi)

JANUA – Échos du dernier Schisme

DUFAY – CHRYSAPHES – PLOUSIADENOS

À travers les œuvres monumentales de Dufay et de ses contemporains byzantins Chrysaphes et Plousiadenos, JANUA vous emmène à la découverte d’une période unique, aussi courte que méconnue : celle de la dernière tentative d’union de l’Orient et de l’Occident au XVe siècle.

Au son des voix de l’Ensemble Irini, mêlées pour la première fois aux sacqueboutes et trompettes médiévales, découvrez les trésors musicaux issus de cette explosion de vie et de créativité sans égale, qui a vu artistes et penseurs des deux rives de la Méditerranée unir leurs forces dans l’espoir d’éviter la chute d’une civilisation

“Toute porte possède deux faces […] moi, portier du palais céleste, j’examine en même temps l’Orient et l’Occident.” 

Janus aux Deux Visages, Ovide, Les Fastes

ensembleirini.com/janua-echos-du-dernier-schisme/

Le programme

Alors que les Ottomans menacent Byzance, le début du XVe siècle est le lieu d’une tentative de rapprochement étonnante entre le monde grec et le monde occidental.

Témoin privilégié de ce dialogue, le compositeur Guillaume Dufay assiste pourtant à son échec, qui aboutira quelques années plus tard à la chute de Constantinople.

En redonnant leur éclat aux motets grandioses de Dufay et leur séduction aux longues mélopées orthodoxes, l’Ensemble Irini rejoue ce dialogue en musique, nous faisant découvrir une période méconnue et fascinante.

Histoire d’une réunification impossible

Dufay au service des Malatesta

On peut être surpris en apprenant que Guillaume Dufay (1397-1474), né dans le nord de la France et représentant de l’école bourguignonne, a travaillé au début des années 1420 pour la famille Malatesta qui régnait à Rimini sur les bords de l’Adriatique. Là, Dufay a pu découvrir le Péloponnèse et le monde byzantin, car les Malatesta étaient très liés à ce monde oriental : le compositeur a même accompagné la jeune Cléophée Malatesta pour son mariage avec le fils de l’empereur de Byzance. 

Le concile de Florence

Ce début du XVe siècle est en réalité une époque de dialogue intense entre Constantinople et le monde occidental, en particulier l’Italie, car les byzantins cherchent de l’aide dans leur lutte contre les Ottomans. Ce rapprochement culmine lors du Concile de Florence dans une tentative de réunifier les Église d’Orient et d’Occident, séparées depuis le schisme de 1054. Dufay en est un témoin privilégié puisqu’il est à cette époque au service du Pape Eugène IV. 

La chute de Constantinople 

Malgré les échanges politiques et culturels, le Concile est un échec qui se conclut par la chute de Constantinople en 1453. Le programme de l’ensemble Irini raconte cette tentative de réunification, mettant en regard la musique de Dufay (ses motets pour les Malatesta ou pour le Pape à Florence), et celle du monde orthodoxe. Pour finir, deux déplorations sur la chute de Constantinople s’entrecroisent : celle de Chrysaphes et celle de Dufay, hommages poignants à un monde disparu.

Compositeurs : Guillaume Dufay (1397-1474) ; Janus Plousiadenos (1429-1500) ; Manuel Doukas Chrysaphes (1440-1463). 

  • Apostolo glorioso, Dufay, motet isorythmique dédicacé à Pandolfo Malatesta,patron de Dufay (3 min)
  • O gemma lux, Dufay, motet isorythmique dédié à la protection d’un voyageau Péloponnèse (5 min)
  • Vasilissa ergo gaude, motet isorythmique pour le mariage de Cléophé Malatesta avec le fils de l’Empereur byzantin (3 min)
  • Potirion sotiriou (Je prendrai la coupe du Salut) Mode III, cérémonie de mariage orthodoxe, Monastère de Simono Petra (1 min)
  • Theotokion dogmatique, Mode I plagal, Récession de mariage orthodoxe (3 min)
  • Ecclesiae militantis, Dufay, motet dédié au Pape Eugène IV, initiateur de la ré-unification des deux églises (5 min)
  • Trisagion, Divine liturgie byzantine (7 min)
  • Canon pour le Concile de Florence, Janus Plousiadenos (4 min)
  • Nuper rosarum flores, Dufay, motet isorythmique de consécration du Dôme de Florence, dédié à Eugène IV initiateur de la ré-unification des deux églises (6 min)
  • Salve flos tuscae, Dufay, motet isorythmique dédié à la Ville de Florence (5 min)
  • Mirandas parit, Dufay, motet dédié à la ville de Florence (4 min)
  • Lamentation sur la chute de Constantinople, Manuel Doukas Chrysaphes (10 min)
  • Lamentatio Sanctae Matris Ecclesiae Constantinopolitanae, Dufay, sur la chute de Constantinople (5 min)

Biographies

Lila Hajosi, Directrice artistique – Cheffe d’ensemble

Musicologue et artiste lyrique spécialisée dans les musiques anciennes, c’est en 2015 que Lila Hajosi fonde l’Ensemble Irini qui lui permet depuis de s’affirmer comme directrice artistique au fur et à mesure des programmes qu’elle crée et dirige.

Formée dès 2012-13 aux Conservatoires d’Aix en Provence (Prix Jeune Espoir Dussurget) et Marseille (Premier Prix d’Art Lyrique) en chant, musique ancienne, théâtre, art lyrique et musique de chambre, puis à la Chapelle Musicale Reine Elisabeth (2018-2021) dont elle est boursière et diplômée en Musicologie médiévale.

C’est pourtant avant même de commencer ses études musicales qu’elle découvre et se découvre une passion pour la direction. En 2011, chantant dans le chœur amateur des élèves de la classe de Roland Hayrabédian à Marseille, alors qu’elle entame tout juste son cursus en Musicologie, elle est fascinée par la finesse et la profondeur du travail de chef. Cette passion, complétée par ses études en Acoustique, en Herméneutique, Harmonie, Analyse, et enrichie par les enseignements tirés de sa carrière de chanteuse auprès de chefs comme Marc Korovitch, Lluis Vilamajó & Jordi Savall, ou de chefs de chants tels que Kira Parfeveets, Marie Van Rhijn, Phil Richardson, Mihály Zeke, Edwige Herchenroder, Jean-Pierre Rolland et nourrie par des rencontres comme celles de Teodor Currentzis en master-classe et d’Alexis Kossenko, devient finalement une vocation à part entière. Depuis Septembre 2021, elle se forme auprès du chef Sergio Monterisi.

Après Maria Nostra, un premier disque de l’Ensemble Irini sorti en 2018 chez l’empreinte digitale (Choc de Classica), Lila Hajosi se consacre totalement en 2021 à la direction de l’Ensemble Irini et crée pour lui O Sidera, programme en quintet mixte mettant en perspective les Prophéties des Sibylles de Roland de Lassus, avec des extraits du répertoire byzantin. O Sidera sortira en Octobre 2021 chez Paraty/Pias Harmonia Mundi, en coproduction avec l’Abbaye de Noirlac, l’ADAMI, la Région Sud, la DRAC PACA, Arsud et la Commune des Baux de Provence et sera son premier opus en tant que cheffe.

Lila Hajosi et l’Ensemble Irini collaborent à deux reprises avec le compositeur Zad Moultaka (2018 : Quel mystère que tu aies un corps, commande du festival de Chaillol; 2022 : Casus Ade, commande de l’Ensemble Irini). La jeune cheffe et arrangeuse est passionnée par l’exigence du travail a cappella, la fabrique du son basée sur un façonnage minutieux du spectre harmonique, la recherche et la redécouverte de répertoires rares, les transversalités entre Musique, Poésie, Histoire, Philologie, Sciences…

Depuis 2015, elle emmène son ensemble dans des festivals nationaux prestigieux tels que Radio-France Occitanie Montpellier (2016, 2021), la Cité de la Voix de Vézelay (lauréat en 2017), Via Aeterna (Mont St-Michel) & Rivage des Voix, Festival d’Arts Sacrés d’Evron, de Perpignan, Sinfonia en Périgord, ainsi qu’en Italie et en Algérie. En 2022, elle dirige notamment l’Ensemble Irini à la Philharmonie de Paris (studio) avec O Sidera et devient lauréate du programme REMArkables du REMA.

L’ensemble Irini 

L’ensemble Irini impose aujourd’hui un son à part dans la musique ancienne : en effectif polymorphe, sans soprano, l’ensemble illumine pourtant le répertoire orthodoxe ou les compositions de la Renaissance de couleurs nouvelles, chaudes et profondes. 

De Maria Nostra (2015) à Printemps Sacré, vivre, mourir, (re)naître (2022) en passant par O Sidera (2018), Irini ouvre dans ses programmes des dialogues entre l’Orient et l’Occident sacrés, entre la sagesse d’hier et les bouleversements d’aujourd’hui, fidèle en cela à son nom qui signifie “la Paix” en grec.

Si l’ensemble est aujourd’hui invité à la Philharmonie de Paris et soutenu par la Fondation Société Générale, c’est grâce à l’énergie passionnée de sa directrice, Lila Hajosi. D’abord chanteuse et puis cheffe de l’ensemble, Lila Hajosi parvient à incarner ses réflexions musicologiques et esthétiques dans des concerts fascinants, qui nous emportent presque malgré nous.

« Pour moi, il n’y a pas de musique facile ou difficile, il n’y a qu’une façon de la présenter et de la rendre accessible par la passion avec laquelle on la partage. »

Lila Hajosi
  • Lila Hajosi – Direction 
  • Eulalia Fantova – Clémence Faber – mezzo 
  • Julie Azoulay – Lauriane Le Prev – contralto 
  • Benoît-Joseph Meier – Olivier Merlin – ténor 
  • Jean-Marc Vié – Sébastien Brohier – basse
  • Catherine Motuz – Sandie Griot – Trompettes médiévales /Sacqueboutes