avec Damien Poisblaud

Le chant grégorien est ici placé dans son contexte initial de chant traditionnel, oral et modal. La compréhension de ce patrimoine s’appuie sur la mise au jour du lien qui a pu exister entre la notation et le geste vocal au moment de l’invention des notations musicales (fin IXe-Xe s.), et entre la modalité et l’espace sonore architectural. Conjuguant synchronicité et diachronicité dans un dialogue permanent, l’approche globale permet de dépasser la fixité de l’écrit pour aller vers le vivant d’une parole contextualisée
Les premiers manuscrits font état d’un geste vocal complexe et fort savant, ce qui laisse deviner l’excellence de la formation que recevaient les chantres pour produire ce chant orné et vocalement engagé. Il est pourtant un point sur lequel les sources sont muettes, c’est celui du tempérament : quelles échelles utilisaient les chantres au Moyen Âge ? Quand on sait l’importance que revêt la justesse d’intonation tant vocale qu’instrumentale dans toutes les traditions orales du monde entier, ne serait-ce que pour des raisons de physique acoustique, il paraît difficile de contourner la question en se contentant d’une échelle tempérée. Un nouveau type d’écoute s’avère ici nécessaire, où justesse modale, rythmique prosodique et dynamique vocale se combinent en un geste vocal vivant, tel que le suggèrent les premiers manuscrits grégoriens. Les formules grégoriennes ne pouvant se former qu’au sein d’échelles modales précises deviennent ainsi l’unique moyen de retrouver la sonorité propre de ces échelles, ce que ne peuvent évidemment pas faire les traités théoriques.
Les élèves de ces cours seront ainsi amenés à faire l’expérience concrète de ce qu’a pu être l’art des chantres médiévaux. Les pièces du répertoire grégorien leur font découvrir un geste vocal vivant tel qu’on le trouve encore pratiqué dans les traditions orales d’autres cultures et tel qu’il est suggéré par la graphie même des premières sources manuscrites.
Depuis quelques années, la fonction de chantre semble se redessiner dans le paysage des musiques médiévales, et on observe un intérêt grandissant pour la redécouverte de cette posture de l’artiste traditionnel, qui ne se voit pas tant comme créateur de sons que comme révélateur de la dimension sonore du monde, selon les lois d’un cosmos organisé et harmonieux. La formation s’efforce de prendre en compte ces nouvelles attentes.
Objectifs
- Approfondissement des notions acquises en niveau 2.
- Connaissance du répertoire.
- Construction d’un programme de concert.
- Le concert public est donné en fin de stage.
Public attendu : ce cours, accessible sur audition, s’adresse aux élèves confirmés, maîtrisant la nature modale et formulaires des chants, les échelles non tempérées, la vocalité, la notation neumatique.
Informations
Dates :
- 2 et 3 novembre
- 18-19-20 et 21 décembre
Horaires :
- 9h30-12h30 et 14h30-18h30
Lieux :
- Saint-Guilhem-le-Désert et Montpellier
Pour un travail immersif, il est conseillé de dormir sur place.
- Chaque stagiaire est responsable de sa réservation d’hébergement et de ses repas à St Guilhem. Voici un document avec toutes les informations utiles à votre séjour sur place : https://docs.google.com/spreadsheets/d/1cXsfHNVVlCAonP-JVC4JuKCvtHaADQSqqyocP6N13og/edit?usp=sharing
Pour venir, pensez aux transports en commun (St Guilhem / Fontfroide), ou au covoiturage, notamment sur notre groupe facebook dédié.
En cas de besoin, contacter la chargée de production-administration Marielle Dumont – 06 95 10 65 71 – production@cimmedieval.org
Tarifs
- Normal, frais pédagogiques : 290 € + 15 € d’adhésion au CIMM
- Réduit*, frais pédagogiques : 170 € + 5 € d’adhésion au CIMM
- Étudiants de l’université de Montpellier Paul-Valéry, du CNSMD de Lyon et du CRR de Montpellier : exonérés des frais pédagogiques + 5 € d’adhésion au CIMM
Inscription en 3 étapes
- Adhésion au CIMM ici
- Inscription sur le formulaire
- Paiement sécurisé
Biographie
Parallèlement à des études de philosophie et de théologie, Damien Poisblaud se passionne très tôt pour la restauration du chant grégorien. Le style d’exécution du grégorien qui s’est imposé au XXe siècle le convainc très tôt de la nécessité de replacer ce chant dans une vraie tradition orale et d’en renouveler entièrement les procédés vocaux. Cette approche par imprégnation lui semble la seule capable de rendre véritablement compte de la complexité et de la précision des premiers manuscrits musicaux d’Occident. Il chante durant plusieurs années avec l’ensemble Organum. Ses nombreux concerts, stages et master class, ses conférences et ses interventions lors de colloques universitaires l’ont fait connaître comme l’un des meilleurs spécialistes du chant grégorien à l’heure actuelle. En 2000, avec son ensemble Les Paraphonistes, il dirige le projet européen des neuf villes de la culture Codex Calixtinus. En 2008, il crée dans le Var, en même temps qu’une classe de grégorien au Conservatoire de Toulon, un nouvel ensemble Les Chantres du Thoronet autour de son festival grégorien de l’Abbaye du Thoronet, ensemble avec lequel il a entrepris une importante série d’enregistrements, dont les Grands Offertoires grégoriens. En 2011, il participe à Walls & bridges à la New York Public Library. Depuis 2013, il intervient dans le cadre du GREAM (Université de Strasbourg), en collaboration avec Jacques Viret. En 2016, avec Gisèle Clément, il entreprend un cycle de classes grégoriennes en lien avec le CIMM – Du ciel aux marges et le département Musique et Musicologie de l’université Paul-Valéry Montpellier 3.
Lire et entendre Damien Poisblaud