Brice Duisit et Christine Grimaldi
avec la participation de Federico Saviotti, Université de Pavie
Trouvère de la fin du XIIIe siècle, Guillaume d’Amiens laisse une œuvre peu abondante composée de deux chansons courtoises et surtout de dix chansons à refrain (un virelai et neuf rondeaux monodiques). Ces dix chansons à danser, compilées dans l’unique manuscrit Reg.Lat 1490 de la bibliothèque vaticane, sont les rares témoins d’un genre pourtant très largement en vogue à la fin du XIIIe siècle et que nous ne connaissons, principalement, qu’au travers des seize rondeaux polyphoniques d’Adam de la Halle. Mais que savons-nous exactement du rondeau du XIIIe siècle ? Pour certains, il est une forme poétique, pour d’autres il s’agit une forme musicale, d’autres encore parlent de danse, ou bien de chanson que l’on peut pratiquer en déchantant. Pas facile de voir clair dans toutes ces affirmations, chacune pouvant se défendre preuve à l’appui ! A vrai dire, il est possible que le rondeau soit tout cela réuni, que sous la terminologie de rondeau il nous faille comprendre la réalité d’une pratique musicale plutôt que la seule dénomination d’une forme. Faire un rondeau pourrait donc être une pratique musicale qui consisterait, en réunion, à inventer un poème (selon une métrique type) sur la base d’une phrase refrain populaire, poème par la suite mis en chanson, puis déchanté à plusieurs voix, puis joué aux instruments et dansé. Au cour de trois journées de travail, nous tenterons d’aborder ces différents aspects de la pratique du rondeau en utilisant l’œuvre de Guillaume d’Amiens comme support. La première journée sera dédiée à l’étude du rondeau en tant que chanson (aspects poétiques et littéraires, notation musicale, interprétation), la seconde journée sera consacrée à la danse (structure, carrures et métrique des pas, application dansée) et la troisième journée permettra d’aborder la mise en polyphonie de ces dix pièces.
À qui s’adresse ce stage ?
La session de trois jours est prévue pour accueillir 10 participants qui suivront les trois ateliers Chanson-Danse-Polyphonie.
Possibilité de s’inscrire à l’atelier danse uniquement, pour 10 personnes ayant déjà une pratique des danses anciennes et/ou traditionnelles.
L’atelier danse est également ouvert à deux ou trois instrumentistes (flûte, vièle, cornemuse…).
Il ne s’agit pas à proprement parler d’une initiation à la danse ancienne mais plutôt d’un atelier de mise en situation destiné à montrer en quoi la structure des pas de la danse (les appuis) peut être l’élément primordial qui conditionne la métrique de composition des pièces ainsi que le jeu des instruments.
Dates et lieu
- 29, 30 avril et 1er mai 2022 au CRR, 13 avenue du Professeur Grasset, 34090 Montpellier
Horaires
- 10h00-12h00 & 14h00-18h00
Inscription ici
Tarifs
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Stage Musique et danse 3 jours
– Normal, frais pédagogiques : 180€ + 15€ d’adhésion au CIMM
– Réduit, frais pédagogiques : 130€ + 5€ d’adhésion au CIMM
– Étudiants du département Musique et Musicologie de l’université Montpellier 3 et élèves du CRR Montpellier 3M : exonérés des frais pédagogiques + 5€ d’adhésion au CIMM -
Journée Danse du 30 avril
– Normal, frais pédagogiques : 60€ + 15€ d’adhésion au CIMM
– Réduit, frais pédagogiques : 45€ + 5€ d’adhésion au CIMM
Biographies
Brice Duisit
Luthiste de formation, Brice Duisit suit les cours du Conservatoire National de Musique de Pau. Passionné par les musiques médiévales, il se perfectionne au Conservatoire National Supérieur de Musique et de Danse de Lyon en paléographie musicale et dans la pratique du contrepoint des XIIe et XIIIe siècles. Son intérêt pour les XIIe et XIIIe siècles l’amène à aborder le répertoire des poésies lyriques et à s’initier à la vièle à archet. Il s’ensuit une recherche sur les premières poésies en langues romanes au travers de laquelle il développe une interprétation musicale racée, basée sur le rapport du texte à la musique, de l’instrument à la voix, du compositeur à l’interprète. Parallèlement à une carrière artistique dédiée aux concerts et à l’enregistrement de disques régulièrement primés par la presse internationale spécialisée, il développe les activités d’enseignement et de recherche. Il poursuit ses investigations dans le domaine de la poésie lyrique du XIVe siècle pour laquelle il propose des pistes novatrices d’interprétation.
Christine Grimaldi
Danseuse de formation classique, Christine Grimaldi quitte le ballet pour se consacrer à la danse contemporaine. Sans cesse à la recherche d’une expression nouvelle, sa quête lui permettra de travailler sous la direction de maîtres aussi prestigieux que Jérôme Robbins, Félix Blaska, Alwin Nikolais ou Alvin Ailey, de danser aux côtés de Dominique Bagouet, Carolyn Carlson, et d’étudier le Bharata Natyam, danse classique de l’Inde du sud auprès de Malavika et Shakuntala. Elle crée sa compagnie en 1988 à Bordeaux. C’est en 1994 que s’ouvre un véritable regard vers les danses dites «anciennes» auprès de Béatrice Massin, Christine Bayle et Cécilia Gracio Moura pour la danse baroque, ainsi que Barbara Sparti et Bruna Gondoni pour la Renaissance. Depuis 1999, elle se spécialise dans la recherche concernant les sources chorégraphiques écrites dans une période allant du Moyen Âge à la fin de la Renaissance, en étroite collaboration avec les musiciens pour des propositions de restitution. Elle crée en 2012 le « Tracervatoire » ressources pour la danse savante et un patrimoine vivant, « outil » et laboratoire de recherche destiné à transmettre ces savoirs à travers stages, ateliers, spectacles et conférences en France et à l’étranger. Outre son travail de chercheur, d’historienne et de transmetteur, elle poursuit son travail de chorégraphe en créant, à partir d’un matériau d’un autre temps et des courants contemporains, une écriture originale, unique, dans le paysage de la danse d’aujourd’hui. Elle enseigne au Pôle d’Enseignement Supérieur de Musique et de Danse de Bordeaux, au Pôle des Arts Baroques Conservatoire à Rayonnement Régional de Toulouse et au Conservatoire de Milan (Italie).