9 mars 2019

Miracle de Rocamadour

Au début XIIIème siècle, Gauthier de Coincy raconte dans les miracles de Nostre Dame qu’il existait un jongleur nommé Pierre de Syglar qui, en parcourant les chemins, chantait les louanges à la Vierge. Il avait entendu, le long des chemins, moult et moult discussions où il ouït que la vierge de Rocamadour opérait nombre de miracles. Il décida alors de s’y rendre. Après une longue journée à marcher dans un chaleur infernale, il avait faim et soif mais il décida qu’il passerait d’abord rendre grâce à la Vierge avant d’aller se restaurer et se reposer dans une auberge.

Il entre donc dans l’église, pleine de fidèles agenouillés. Il commence alors sa prière dans le silence et la dévotion. Quand il eut fini, il sorti sa vièle et son archet et commença à jouer. Il jouait si bien que tout le monde l’écoutait avec la plus grande admiration. Une fois fait, il demanda à la vierge de lui donner gracieusement un des cierge qui brûlaient sur l’autel pour s’éclairer quand il serait à l’auberge. Si tôt un cierge, le plus gros, le plus blanc, le plus brillant, descendit de l’autel et vint se poser sur la vièle du jongleur. Tout les fidèles criaient au miracle. Mais un moine du nom de Girard, furieux de voir un fidèle prendre un cierge (alors qu’il faisait commerce des restes non consumés de ceux-ci), reprit alors le cierge et le reposa.

Le jongleur recommença alors à jouer sur son instrument et chanta avec plus de ferveur encore… Et le miracle se reproduisit… Le moine, dans une colère noire, se rua sur le cierge et alla le reposer sur l’autel en l’entourant fermement de fil de fer.

Le jongleur alors en larme devant tant d’humiliation prit une dernière fois son instrument en main… C’est alors que, ne posant même plus ses doigts sur sa vièle, il en sort pourtant des sons alors si beaux et si touchant que des larmes coulent sur toutes les joues. Son corps chante, son âme prie, et tout ça si fortement que ses paroles montent directement au ciel.

Alors le cierge, brillant d’une flamme plus vive que le soleil, fit un bond et vint se poser de nouveau sur la vièle. Au même moment, les cloches sonnèrent si fort qu’elles se firent entendre à sept lieux en tous sens.

Pierre, emplit de reconnaissance envers la Vierge qui a exaucé ses vœux, alla reposer le cierge sur l’autel car il jugea irrespectueux de le prendre avec lui dans une auberge.

Suite à cet évènement, il revint chaque année porter un cierge à la vierge de Rocamadour, égal en taille comme en poids que celui qu’elle lui avait donné, si bien qu’une fois sa mort arrivée, il entra au Paradis précédé de tout les cierges qu’il avait apportés et tout devant, se trouvait un cierge plus beau que tous les autres, celui que lui avait donné la Vierge…