6 juillet 2017

Archéologie musicale médiévale : De la pierre au son

Semestre 2

Olivier Féraud


Organologie médiévale, archéo-musicologie, archéo-lutherie

Souvent placés au second plan par la musicologie classique et pourtant participants actifs du cours de l’histoire de la musique, les instruments de musique du Moyen Âge restent méconnus du grand public comme de nombreux étudiants voire même de spécialistes. En se centrant sur l’organologie, l’archéologie musicale médiévale et l’archéo-lutherie, ce cours propose d’aborder l’ensemble des questionnements qui peuvent apparaître en musicologie médiévale ou que l’approche strictement philologique et historique n’invite pas à se poser directement, et dans lesquels l’instrument de musique est impliqué.

L’organologie est la science des instruments de musique. Elle consiste principalement en la description et le classement d’objets selon des paramètres sonores et structuraux déterminés. La classification en vigueur aujourd’hui est celle élaborée en 1914 par Curt Sachs (1881-1959) et Erich von Hornbostel (1877-1935). Se voulant universelle, elle se donne pour finalité de classer les instruments de musiques de toutes époques et de toutes origines culturelles selon le mécanisme de production du son. Des quatre familles principales (cordophones, aérophones, membranophones et idiophones) découlent plusieurs niveaux affinant les catégories. En musicologie comme en ethnomusicologie (d’où la classification est issue), l’organologie s’occupe de l’aspect technique et concret de la connaissance des instruments (la matière sonore, la matière de l’instrument…) en proposant un système simple et accessible de description et de dénomination systémique, à laquelle peut être associée une terminologie contextualisée. L’approche organologique des instruments de musique médiévaux a ainsi une portée double : d’une part identifier les instruments souvent méconnus que donnent à voir l’iconographie et l’archéologie, et d’autre part apporter des informations sur le détail de leur structure.

L’archéo-musicologie (ou archéologie musicale) est originellement une branche de l’archéologie dont le champ d’étude est la pratique musicale et les objets qui y sont liés. Elle intègre l’organologie pour la contextualiser à la fois dans une théorie musicale et dans un contexte socio-historique et culturel. Comme toute spécialité de l’archéologie, elle se pose des questions techniques en les contextualisant. Traditionnellement attaché à la préhistoire, l’antiquité et le Moyen Âge, périodes pour lesquelles les instruments conservés constituent non pas des objets de collection muséologiques « entiers » mais des pièces archéologiques, c’est-à-dire dont les traces sont fragmentaires, le domaine de l’archéologie musicale pourrait en théorie s’appliquer à toute autre période historique et même entrer dans une archéologie du contemporain : elle se définie en effet par le travail d’enquête pluridisciplinaire imposé par le manque quantitatif et qualitatif de sources directes. Ce travail invite souvent à reconstituer des objets sonores ou musicaux. C’est alors l’archéologie expérimentale qui sera sollicitée. Lorsque les compétences de l’archéologue arrivent à leurs limites et que certaines problématiques liées à la production sonore ou au geste technique apparaissent, il arrive que certains luthiers et facteurs collaborent avec les archéologues. Par rapport à la musicologie, l’archéologie musicale représente l’aspect concret de la recherche en tant qu’elle amène à questionner l’objet physique producteur de musique ou de sons. Dans le domaine de la musicologie médiévale, la pluridisciplinarité de l’archéologie musicale permet d’établir un dialogue entre le traité ou le manuscrit, le reste archéologique, la trace iconographique et l’occurrence littéraire, en mettant en lien l’instrument de musique avec les connaissances que l’on peut avoir des pratiques musicales.

L’expérimentation proprement dite donnant lieu à la reconstitution (ou restitution) des instruments de musique peut être appelée archéo-lutherie. Il ne s’agit pas à proprement parler d’un métier existant mais d’une orientation que certains luthiers et facteurs d’instruments sont amenés à prendre lorsqu’ils doivent construire des instruments disparus dont il ne reste pratiquement aucun exemplaire conservé. Si le terme d’archéo-lutherie n’existe pas de façon officielle, il est de plus en plus usité pour désigner ce type de facture instrumentale. Cette spécialisation est fortement liée à l’intérêt croissant pour les musiques anciennes comme au développement des connaissances et des exigences scientifiques et musicales à leur sujet. Ainsi, un travail d’archéo-lutherie menant à la restitution d’un instrument disparu suppose nécessairement une approche pluridisciplinaire mobilisant plusieurs types de connaissances : techniques (savoir-faire et histoire des techniques), iconographique, philologique, archéologique, musicologiques et socio-historiques.

Programme :

Le cours sera structuré de façon thématique et abordera un instrument ou une famille d’instruments de musique à travers ces trois approches dans le but d’embrasser, autant synthétiquement qu’en s’attardant sur certains détails, l’ensemble des connaissances relatives à cet/ces instrument(s). La participation des étudiants sera employée à cerner ce que ces approches peuvent apporter à la musicologie médiévale. Chaque axe thématique sera constitué de leçons magistrales, d’ateliers pratiques et de présentations de travaux d’étudiants. Chaque présentation de travaux d’étudiants sera l’occasion d’un approfondissement des éléments abordés dans le cours précédent. Chaque étudiant devra avoir présenté oralement un travail qui sera pris en compte dans son évaluation.

  1. Instruments à cordes pincées et fabrication de cordes de boyau
  2. Instruments à cordes frottées et fabrication d’une vièle type Moissac
  3. Orgue et monocorde et système pythagoricien : division de la corde et des tuyaux
  4. Instruments à vent, paysage sonore et fabrication d’une flûte en roseau

Dates :

  • 20 janvier 2018
  • 3 février 2018
  • 10 mars 2018
  • 7 avril 2018

Horaires :

  • 10h00 – 13h00 et 14h00 – 17h00

Lieu :

  • Montpellier, Conservatoire à Rayonnement Régional, Espace Candolle, rue de Candolle, salle 142.

 

CRR Montpellier 3M