4 juillet 2019

Ensemble Micrologus – Donna, posso io sperare ?

Ballades d’amour et Madrigaux de Nicolò à Florence au XIVe siècle.

À partir des sources et de l’étude récente de Opera completa de Nicolò dal Preposto d’Antonio Calvia (SISMEL – Edizioni del Galluzzo, 2017), nous allons redécouvrir les compositions de Nicolò, un important compositeur originaire de Pérouse actif à Florence dans la seconde moitié du XIVe siècle, et des styles qui l’ont distingué, entre musique raffinée et musique au « goût bourgeois ». Sa production est remarquable : on conserve 20 ballades, 17 madrigaux et 3 cacce à deux et trois voix, selon de nombreuses variétés de techniques et de solutions formelles, qui nous donnent une image exhaustive de la musique du XIVe siècle démontrant le style alternativement haut et bas de l’époque.

Son rôle important de compositeur, digne d’être reconnu et célébré dans le Codex Squarcialupi sous le nom de Maître et Seigneur – Magister Sere Nicholaus Prepositi de Perugia – n’est surpassé que par la primauté incontestée de la figure de Francesco Landini.

Son œuvre, conservée dans les principaux manuscrits de la fin du XIVe et du début du XVe siècle, est l’un des exemples les plus significatifs de l’union extraordinaire entre la poésie et la musique, union qui a imprégné le Trecento italien. Nicolò a probablement eu des contacts directs avec d’importants poètes florentins tels que Franco Sacchetti et Niccolò Soldanieri, dont il a mis diverses rimes en musique.

Ses textes sont caractérisés par des références denses, plus ou moins conscientes, à la tradition lyrique italienne et au reste du répertoire musical de l’Ars Nova, avec des citations continues de proverbes et de dictons populaires, en plus des ballades d’amour classiques, en particulier sur les contrastes entre l’homme et la femme, très différents des vers d’amour d’autres compositeurs contemporains tels que Landini.

Notre reconstitution se concentre sur les ballate, en particulier sur les ballatae minimae, qui sont une particularité de Niccolò : ces pièces, très courtes, consistent en une seule ligne de texte pour la ripresa – le refrain – associée parfois à de la musique au caractère populaire. Les voix et les instruments jouent sur la polyphonie, sur des rythmes de danse implicites ou évidents – senaria gallica et senaria italica – et sur le ténor qui, confié aux instruments, devient encore plus rythmé.

Au contraire, dans les madrigali, nous jouons sur les longues phrases, à cause du grand développement des lignes mélodiques, de la grande virtuosité vocale, en particulier pour la voix supérieure, coutume qui a été extrême dans cette seconde partie du XIVe siècle.

Ces madrigaux sont principalement interprétés a cappella: deux voix solistes recherchant la consonance et la dissonance dans les longs épisodes mélismatiques alternant avec les courtes sections syllabiques.

Nous travaillons également à la reconstitution de certains moments instrumentaux de basse, avec les instruments les plus doux/délicats (vièle, rebec, harpe, flûtes), et aussi avec les instruments les plus puissants (cennamella, cornemuse, trompettes, naccaroni).

Ces pièces, qui deviennent istampite et salterelli dans le style du XIVe siècle, sont recrées à partir de certaines compositions vocales de Niccolò (y compris les cacce), en prenant des fragments mélodiques et rythmiques qui auront la fonction de ténor, pour construire une nouvelle ligne, ou de cantus à partir de laquelle continuer avec les variations et les diminutions.

2 sessions de résidence et création.

Ensemble Micrologus

  • Patrizia Bovi – chant et harpe, trompette médiéval
  • Goffredo Degli Esposti – flûte double, flûte à bec, cornemuse, cennamell
  • Gabriele Russo – vièle, rebec, ribecone (grand rebec), trompette médiéval
  • Enea Sorini – chant et percussions (tamburello, naccaroni
  • Simone Sorini – chant et luth (ou Luca Dellacasa – chant et orgue portatif)

Biographie

Les musiciens de l’Ensemble Micrologus ont été parmi les premiers à contribuer à la redécouverte de la musique médiévale et de l’esprit approprié à son exécution de nos jours.

Le groupe a été fondé en 1984 par Patrizia Bovi, Goffredo Degli Esposti et Gabriele Russo et Adolfo Broegg (1961-2006) ; il utilise des copies fidèles d’instruments de l’époque, avec lesquels ses musiciens ont réalisé plus de 30 spectacles différents, dont un en forme théâtrale, qui les ont portés en tournée partout en Europe, aux Etats-Unis, au Canada et au Japon.

L’ensemble Micrologus a enregistré 28 CD de musique médiévale, dont certains ont reçu des prix internationaux (2 « Diapason d’Or de l’Année » : en 1996 pour le CD « Landini e la musica fiorentina» et en 1999 pour « Alla napolitana », ainsi que un « The Best of 2000 Award » de Goldberg pour le CD « Cantico della Terra »).

Le groupe a aussi à son actif des collaborations théâtrales, cinématographiques (entre autres, la bande son du film « Mediterraneo » de Gabriele Salvatores) et avec des compagnies de danse (tournée internationale 2007-2009 du spectacle de théâtre-danse contemporain « Myth », du chorégraphe Sidi Larbi Cherkaoui et de la compagnie belge de Toneelhuis). L’ensemble a aussi réalisé de nombreux enregistrements auprès des radios et télévisions suivantes : RAI 1, RAI 2 et Radio 3 en Italie, Radio France Culture et Radio France Musiques, ORF en Autriche, Radio Clara en Belgique, Télévision Slovène, Radio Suisse, Asahi Television à Osaka, Japon.

https://micrologus.it